L’appel à imposer l’interopérabilité pour les GAFA

24/05/2019
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L’omniprésence de quelques acteurs en situation de quasi-monopôle dans du monde de la haute technologie pose de nombreux problèmes. Parmi ces derniers, l’impossibilité pour un particulier de conserver ses données pour les utiliser vers une nouvelle plate-forme.

Cette situation est particulièrement prégnante dans le cadre des réseaux sociaux. Qui n’a jamais pensé à quitter une telle plate-forme avant de se raviser avec un argument très simple : comment garder mes contacts dans l’opération ?

Peut-on contraindre ces acteurs à des comportements plus raisonnables ? C’est le but de l’appel lancé il y a quelques jours par cinquante‐six organisations de défense des libertés, dont la Quadrature du Net. Cet appel vise à ce que la loi impose une interopérabilité minimale aux réseaux sociaux centralisés.

Loin de condamner les GAFAM à mort par la perte de leur richesse fondamentale, la donnée, l’appel demande assez simplement des aménagements pour sortir des silos actuels.

Lettre commune : pour l’interopérabilité des grandes plates‐formes en ligne

Nous, défenseurs d’un Internet neutre, libre et ouvert, appelons le législateur à agir pour que les grandes plates‐formes deviennent interopérables avec les autres services Internet.

L’interopérabilité garantit à tout le monde de ne pas se trouver captif d’une plate‐forme : de pouvoir librement la quitter, sans perdre ses liens sociaux, et de continuer à communiquer avec ses contacts. L’interopérabilité permet à quiconque de lire depuis un service A les contenus diffusés par ses contacts sur un service B, et d’y répondre comme s’il y était. L’interopérabilité est garantie lorsqu’elle repose sur des standards ouverts.

Des services comme Facebook, Twitter et YouTube tiennent leur pouvoir du nombre élevé d’utilisateurs et d’utilisatrices qu’ils ont rendu captifs : ce grand nombre incite d’autres personnes à rejoindre leur service, et leur captivité permet de leur imposer une surveillance constante à des fins publicitaires. Aujourd’hui, nombreux sont celles et ceux qui souhaiteraient y échapper mais sont contraints d’y rester sous peine de perdre le contact avec leurs relations.

Pourtant, en dehors de ces plates‐formes, des services interopérables réunissent déjà des millions de personnes (Mastodon, Diaspora, PeerTube…), notamment via le protocole d’interopérabilité ActivityPub publié par le W3C en 2018. Ces réseaux décentralisés, basés sur des logiciels libres, sont co‐hébergés par une multitude d’acteurs distribuant largement les coûts entre eux, ce qui contribue à l’émergence de modèles économiques bien plus respectueux des libertés que celui de la publicité ciblée.

Migrer vers ces services permettrait aussi d’échapper à l’environnement toxique entretenu sur Facebook, YouTube ou Twitter. Ces géants favorisent la diffusion des contenus qui maintiennent au mieux notre attention, souvent les plus anxiogènes ou caricaturaux. À l’opposé de la voie prise par les récentes lois de censure, il ne faut pas espérer que ces plates‐formes freinent la diffusion de propos haineux, trompeurs ou dangereux, car leur modèle économique, au contraire, renforce cette diffusion.

Il est urgent de permettre à toute personne d’échapper à la surveillance et à la toxicité de ces grandes plates‐formes en rejoignant des services libres, décentralisés et à taille humaine sans conséquences nocives sur ses liens sociaux. La loi doit imposer cette interopérabilité.

Source : laquadruature.net​ 

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